Qu’appelle t’on les lois du temps ?

 

A force de courir après le temps, nous finissons par nous interroger : Comment mieux s’organiser ?

Comment ne plus perdre de temps ?  🕰️

De tous temps, des philosophes, des scientifiques ont tenté d’expliquer des phénomènes chronophages, allant parfois jusqu’à les traduire en théorèmes.

Vous connaissez sans doute la loi des 80/20, ou celle de l’emmerdement maximal (la tartine beurrée tombant toujours du côté où il y a le beurre) ou encore celle du moindre effort ; avez-vous entendu parler de la loi de l’efficacité décroissante, de la loi des rythmes biologiques, de la loi de dimension subjective du temps, de la loi du temps qui s’étale, ou de celle des séquences homogènes ?

Dans cet article, vous trouverez une description des 8 lois du temps qui ont une influence sur notre quotidien, ainsi que des conseils pour mieux s’en détacher, pour faire avec plutôt que de résister…

 

Quelles sont les différentes lois du temps ?

 

• La loi de Pareto (ou loi des 80/20)

Vilfredo PARETO est un économiste italien du début du 20éme siècle. En 1906, il a constaté que 80% des revenus étaient détenus par 20% de la population en Italie.

La loi de PARETO s’énonce de la manière suivante : 20% des causes génèrent 80% des effets.

Dans le monde professionnel :

• 20% des causes sont à l’origine de 80% des problèmes,
• 20% des clients représentent 80% du chiffre d’affaires,
• 20% du temps de travail produit 80% des résultats (positifs ou négatifs),
• 80% des résultats proviennent de 20% du travail effectué,

Dans la vie quotidienne :

• Nous passerions 80% de notre temps avec 20% de nos amis,
• Nous porterions 20% des vêtements de notre placard.

Mes conseils pour maximiser l’effet 80/20 :

👉🏼 Recentrez-vous en priorité sur les activités qui produisent le plus de valeur ou de résultats.

👉🏼 Apprenez à dire NON pour éviter de “perdre votre temps”.

👉🏼 Estimez la durée de vos actions : 80% des résultats seraient atteints au bout de 20% du temps.

 

• La loi de Carlson (ou loi dite des séquences homogènes)

Saviez-vous que chaque interruption peut coûter cher à votre productivité ?

Sune Carlson, économiste suédois (1909-1999), avait déjà mis en lumière cette réalité dans les années 1950. Aujourd’hui, cette notion est plus pertinente que jamais.

En 1951, il a constaté que les managers étaient interrompus en moyenne toutes les vingt minutes par un appel téléphonique, un visiteur…

Paul BRAZZOLOTTO, a étudié les interruptions et leurs caractéristiques dans sa thèse de Doctorat de l’Université de Lyon (soutenue en 2019). Il explique qu’il semblerait que l’on soit plutôt passé à une interruption toutes les 10 minutes !

En résumé, selon la loi de Carlson,  tout travail interrompu en cours de route sera moins efficace et prendra plus de temps que s’il était achevé en continu.

Cela fait écho dans votre quotidien ?

Mes conseils pour gérer les interruptions :

👉🏼 Prévenir votre Entourage : Pour les tâches nécessitant une concentration intense, signalez que vous ne souhaitez pas être dérangé.

👉🏼 Gestion des Appels : Déviez les appels vers un collègue ou la messagerie pour vous concentrer sur vos tâches prioritaires.

👉🏼 Limitation des Distractions Digitales : Éteignez les notifications de votre smartphone ou des applications de messagerie. Chaque interaction numérique nous éloigne de l’instant présent et peut nuire à notre concentration.

‌Garder le cap sur les objectifs en évitant les interruptions inutiles. Votre productivité vous remerciera !

 

• La loi d’Illich (ou loi de l’efficacité décroissante)

Ivan Illich, prêtre autrichien et penseur de l’écologie politique (1926-2002), nous rappelle que travailler sans relâche au-delà d’un certain seuil peut entraîner une baisse d’efficacité, voire devenir contre-productif. C’est ce que l’on appelle la loi d’Illich.

Dans notre société où la productivité est souvent valorisée au détriment du bien-être, il est essentiel de prendre conscience de cette notion et d’appliquer des stratégies pour préserver notre efficacité et notre équilibre.

Mes conseils pour gérer les interruptions :

👉🏼 Se ménager des temps de pause réguliers dans la journée est primordial. Prendre exemple sur le sport, où le temps de récupération est intégré à l’entraînement, peut nous inspirer. Accordez-vous des moments pour vous ressourcer, que ce soit en prenant une pause café, en vous étirant ou en discutant avec des collègues. Ces pauses courtes sont essentielles pour recharger vos batteries et maintenir votre concentration.

👉🏼 Apprenez à repérer à partir de quelle charge horaire vous passez dans l’activisme improductif.  Organisez-vous pour réaliser les tâches importantes ou complexes aux moments de la journée où vous êtes le plus en forme. Que ce soit tôt le matin, en milieu de journée ou en soirée, trouvez votre propre rythme et planifiez en conséquence. N’oubliez pas que le temps de digestion n’est généralement pas le moment idéal pour les tâches exigeantes !

En suivant ces conseils et en écoutant les besoins de votre corps et de votre esprit, vous pourrez éviter l’épuisement professionnel et maintenir un niveau optimal de productivité. Il est temps de mettre en pratique la sagesse d’Ivan Illich et de trouver l’équilibre entre le travail et le repos pour une vie plus épanouie et équilibrée.

 

• La Loi de Parkinson

Cyril NORTHCOTE PARKINSON, historien britannique (1909-1993), a mis en évidence que plus on dispose de temps pour réaliser un travail, plus ce travail prend du temps, sans que le résultat en soit forcément meilleur.

‌Le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement, le délai donné est respecté (que l’on ait un mois ou une semaine pour rendre un travail).

Mes conseils pour neutraliser l’étalement du temps :

👉🏼 Planifier à moyen et long termes les travaux dont les délais sont éloignés, en anticipant la charge de travail.

👉🏼 Séquencer en micro-tâches le cas échéant.

👉🏼 Utilisez un rétroplanning ou une carte mentale permettant de visualiser les étapes.

👉🏼 Réserver des plages horaires régulières pour avancer à petits pas les micro-tâches, en les intercalant avec les tâches prioritaires, urgentes et importantes.

👉🏼 Borner votre temps (pour éviter les travers du perfectionnisme).

 

• La Loi de Swoboda-Fliess-Telscher  (ou loi des rythmes biologiques)

Cette loi porte le nom des 3 chercheurs qui ont mis en évidence la notion de rythmes biologiques :

• ‌Hermann SWOBODA, professeur de psychologie à Vienne (1873-1963). Ses travaux de recherche sur les biorythmes ont conclu que l’être humain est régi par une horloge biologique interne, qui gère les cycles émotionnel et physique.
• ‌Wilhem FLIESS, médecin allemand (1858-1928), a conclu à l’existence de 2 rythmes biologiques répétitifs (23 jours forme physique, puis 28 jours forme émotionnelle)
• ‌Alfred TELTSCHER, ingénieur autrichien, a vérifié les cycles de FLIESS en ajoutant le cycle intellectuel.

‌C’est Hermann SWOBODA qui va donner la forme définitive à cette loi des biorythmes.

Il illustre le fait que chaque personne a de multiples rythmes biologiques, et qu’il est indispensable de respecter nos horloges internes pour tirer parti de nos périodes de grande forme et également de respecter nos périodes de récupération.

Mes conseils pour être à l’écoute de vos biorythmes :

👉🏼 Repérer vos périodes de concentration intense, et celles où vous êtes moins productif : Êtes-vous plus efficace le matin ou l’après-midi ? Après une activité physique ? Êtes-vous moins attentif avant ou après le repas ?

👉🏼 Programmez les tâches les plus complexes au moment où la concentration est optimale.

👉🏼 Programmer les tâches répétitives, qui nécessitent une attention moins soutenue lorsque vous êtes moins efficace.

Personnellement, lorsque je n’arrive pas à rédiger, à me concentrer pleinement, je préfère m’accorder un temps pour trier ma messagerie, classer des documents, bouger, boire un verre d’eau… Ce temps n’est pas perdu, il me permet de laisser mon cerveau en veille, en mode pilotage automatique. Je sais que l’heure d’après sera d’autant plus productive que j’ai écouté ce besoin de ralentir !

 

 

• La Loi de Murphy ou « loi de l’emmerdement maximal »

On l’appelle aussi  « loi de la tartine beurrée » c’est-à-dire qui tombe toujours du côté où il y a le beurre !

‌Edward Aloysius MURPHY Jr, ingénieur aérospatial américain (1918-1990) a démontré que lorsque nous évaluons le temps consacré à la réalisation d’une activité, nous ne devons pas oublier de prévoir du temps pour l’imprévu, car chaque chose prend plus de temps qu’on ne le pense.

‌Mes conseils pour « préserver le côté beurré » 😉:

👉🏼 Pour les tâches longues, doubler systématiquement le temps prévu.

👉🏼 Plus les acteurs, les outils, les méthodes impliqués sont nombreux, plus les marges devront être grandes.

👉🏼 Pour les tâches répétitives, simples et connues, vous pouvez vous contenter de marges raisonnables dans l’estimation des durées.

👉🏼 Faites un rétroplanning.

👉🏼 Prévoyez des marges pour les imprévus, n’enchaînez pas les rendez-vous dans votre agenda.

👉🏼 Évitez le travail de dernière minute.

 

• La Loi de Fraisse  (ou la loi de dimension subjective du temps)

Paul FRAISSE, psychologue français (1911-1996) a mis en évidence que ‌le temps comporte une dimension psychologique en fonction de l’intérêt porté à l’activité.

En quelque sorte, 1 heure n’est pas toujours égale à 1 heure !

Plus ce que nous faisons nous captive, plus le temps que cela prend nous semble court.

‌Mes conseils face à la subjectivité du temps :

👉🏼 Repérer la procrastination d’évitement (report des tâches ennuyeuses, des corvées “interminables”).

👉🏼 Organiser les tâches difficiles (préparation, découpage en micro-tâches, chronologie…).

👉🏼 Porter une attention particulière au temps qui déborde lorsque l’on réalise les tâches que l’on aime.

 

• La Loi de Laborit (ou loi du moindre effort)

Henri Laborit, chirurgien neurobiologiste, (1914-1995) a démontré que lorsque nous avons une tâche déplaisante à réaliser, nous la ferons plus rapidement et plus agréablement lorsque l’on sait qu’elle sera suivie par une tâche plaisante.

Il explicite cette loi par une sorte de “programme biologique de survie” : l’être humain va lutter ou prendre la fuite face à une situation déplaisante et/ou stressante, préférant les activités qui donnent surtout du plaisir.

Mes conseils pour contrer la loi du moindre effort :‌

👉🏼 Évitez de faire les tâches désagréables à la dernière minute, ou lorsque vous êtes davantage fatigué.e.

👉🏼 Pour accroître votre efficacité, commencez par les tâches les plus difficiles ou déplaisantes.

👉🏼 Se récompenser lorsque la tâche pénible est achevée (le bénéfice est ainsi identifié).

 

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 « Ne laissez jamais le temps au temps. Il en profite !  »   (Jean AMADOU)

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En résumé, connaitre ces 8 lois du temps, qui rythment nos quotidiens, permet de se saisir de vrais leviers pour gagner en efficacité et en sérénité.

Selon nos personnalités, nos expériences de vie, nos aptitudes, nos appétences, nous sommes davantage en phase avec certaines lois du temps, et a contrario parfois mis en difficultés avec d’autres de ces lois.

Repérer nos modes de fonctionnement, et s’appuyer sur les lois du temps, permet de se reconnecter à notre pouvoir d’agir.

Nous avons là de vrais outils à notre disposition pour diminuer les sources de stress, gagner en confiance et en productivité, tant dans notre vie professionnelle que personnelle !

Pour aller plus loin dans la mise en pratique, n’hésitez pas à découvrir la formation gérer son temps et les priorités pour gagner en sérénité